Si je me pose la question de savoir comment l’école européenne a influencé et même déterminé ma vie, je ne peux m’empêcher de penser à ce discours de rentrée des classe, je devais avoir onze ans, qui m’a marqué au-delà de toute espérance. « Vous êtes les piliers de l’Europe de demain » nous martelait monsieur Al, ou était-ce monsieur Wuttke? Les piliers de l’Europe, ce n’est pas rien! Porter l’espoir d’un visionnaire pour les générations futures. Et moi, du haut de mon mètre soixante comment pouvais je réaliser ce rêve?
La première leçon que j’en ai tirée c’est qu’il fallait compter. Compter pour les autres et pas sur les autres.
J’étais différente? On me le faisait comprendre, alors pour ne pas être écrasée par la majorité, il fallait la dominer. Monter sur scène. Le seul endroit où j’oubliais tout, où le monde autour de moi n’existait plus, seule la sensation de diffuser du plaisir afin qu’on en redemande même si, à l’époque, il ne s’agissait que de passer des examens publics de violon.
L’école européenne me nourrissait de sa diversité, m’affranchissait d’une structure familiale trop rigide pour mes rêves d’exception. En son sein, je me suis sentie libre et autorisée à rêver au-delà du microcosme dans lequel je m’épanouissais. Je n’ai aucun souvenir d’avoir été brimée, la plupart de mes professeurs affichaient à mon égard une bienveillance que je trouvais naturelle jusqu’au jour où, obligée de poursuivre ma scolarité dans une autre école, à Bruxelles, je compris ce qu’elle avait d’exceptionnel.
En trente cinq ans de carrière j’ai voyagé dans le monde entier et il n’est pas un pays où je sois allée dont je n’ai pas tenté d’apprendre la langue (avec plus ou moins de succès) et cela aussi je le dois à l’ouverture sur le monde, les cultures et les langues dans lequel tout élève de l’école européenne baignait!
Le jour où il a fallu choisir une école pour mon fils, j’ai cherché un enseignement qui ressemblait à celui que j’avais eu la chance d’avoir. Mais l’école Européenne est vraiment unique en son genre!